Non, l’écologie n’est pas l’ennemie de l’économie.

On parle souvent de l’impact environnemental des individus, mais on oublie dans le même temps que l’activité économique est plus largement responsable de la dégradation de l’environnement. Entreprise et écologie ne font pas toujours bon ménage : l’activité économique est doublement nuisible puisqu’elle puise dans les ressources naturelles pour fonctionner, et rejette des déchets après les avoir transformés. L’enjeu environnemental des entreprises, sérieux et réel, est reconnu des experts scientifiques comme des professionnels eux-mêmes et ce, dans le monde entier. Mais devant l’urgence climatique, les bonnes initiatives et les exemples réussis en matière de préservation de l’environnement se multiplient de plus en plus. Des solutions apparaissent pour limiter au maximum l’impact environnemental des entreprises, tout en ne nuisant pas à leur activité économique, indispensable à leur bon fonctionnement. Mais quelles sont les solutions concrètes que nous évoquons ? Écologie et développement économique peuvent-ils évoluer ensemble ?

A travers nos articles sur l’actualité économie et environnementale, nous militons chez b1ff.org pour réconcilier ces deux grands secteurs, plutôt que de les opposer dans un débat stérile et contreproductif.

Entreprise et écologie font-ils bon ménage ?

Enterprise et écologie

Entreprise et écologie : un amour impossible ?

Quel est l’impact des entreprises sur l’écologie ?

Même si l’impact négatif des entreprises sur l’écologie est reconnu, il est difficile d’en définir clairement les contours. C’est pour palier à cette inconnue que depuis décembre 2015, une loi oblige les grandes entreprises de plus de 250 salariés et dont le chiffre d’affaires est supérieur à 50 millions d’euros ont l’obligation de réaliser un audit énergétique de leurs activités. L’objectif : connaitre précisément l’impact environnemental de ces grandes entreprises, et apporter des solutions concrètes pour réduire leur consommation d’énergie. Un bilan publié par l’Ademe en 2018 montre qu’une majorité de ces entreprises se sont prêtées à cette obligation. Toutefois, ce même rapport indique qu’elles ne semblent pas avoir profité de ce bilan énergétique pour améliorer leur consommation d’énergie, et ainsi réduire leur impact écologique. Prenons un peu de recul et considérons la question autrement : les entreprises sont-elles égales dans leur taux d’émission de carbone ? Bien évidemment, non. La taille de l’entreprise ou le pays dans lequel elle se trouve sont autant de facteurs qui entrent en jeu. Mais c’est surtout par secteur que l’on peu se rendre compte de l’impact d’une entreprise sur l’environnement.

L’activité industrielle consomme beaucoup de ressources naturelles

L’activité humaine, sous toutes ses formes, a un impact sur l’écologie. Et l’activité industrielle est une activité particulièrement polluante, et ce pour plusieurs raisons. Pour assurer sa production, une entreprise industrielle puise largement dans les matières premières. L’extraction de celles-ci engendre une nette dégradation de l’environnement et un épuisement des ressources naturelles de la planète. La biodiversité et les paysages peuvent être malmenés par l’excavation de ressources. En outre, des produits finis peuvent contenir des substances nocives ou dangereuses, à la fois pour l’homme et l’environnement. Les procédés de fabrication eux-mêmes sont généralement extrêmement polluants. Les besoins énergétiques des machines sont très importants, et la production entraine des rejets comme de la fumée ou des poussières qui se répandent dans l’atmosphère, et génèrent des émissions de CO2 qui contribuent au réchauffement de la planète. Le transport des marchandises est responsable d’une grave pollution atmosphérique. En effet, le transport routier et le transport aérien sont tous les deux responsables d’une grande part des émissions mondiales de CO2 dans l’atmosphère. Et une activité industrielle nécessite obligatoirement l’acheminement et le transport de marchandises, à la fois jusqu’à l’usine ou le lieu de production, puis chez les différents clients à livrer. L’empreinte carbone liée à ces transports est donc particulièrement élevée.

Les secteurs de services sont tous aussi énergivores.

Le secteur tertiaire est très gourmand en énergie

L’activité industrielle n’est pas la seule responsable des nuisances environnementales. Le secteur tertiaire, qui produit non pas un bien mais des services, est aussi polluant. Équiper un bureau pour qu’une personne soit pleinement opérationnelle requiert beaucoup de matériels : ordinateur, bureau, chaise… L’achat de tous ces matériels n’est pas sans impact écologique. Ce matériel, qui a demandé des ressources naturelles pour être produit, qui a été fabriqué, emballé et transporté a émis une quantité importante de CO2. N’oublions pas également les imprimantes ou les photocopieuses qui, pour fonctionner, demandent à être alimentées régulièrement en papier ou en encre : et les cartouches d’encre sont très polluantes ! Alors que le papier, lui, contribue à la déforestation si son exploitation n’est pas éco-responsable. Faire fonctionner tout ce matériel bureautique demande une impressionnante quantité d’énergie. Imaginez les besoins énergétiques nécessaires pour alimenter des dizaines de salariés au travail sur leurs ordinateurs, branchés toute la journée, l’éclairage des locaux, ou encore le chauffage ou la climatisation allumés eux aussi toute la journée. Les besoins sont énormes ! Et si cette énergie provient d’énergie fossiles et non renouvelables, comme le charbon par exemple, l’impact environnemental est double : il est gourmand en énergie, et rejette de fortes quantités de CO2 dans l’atmosphère avec l’utilisation d’énergies fossiles.

L’agriculture intensive est très polluante

L’agriculture intensive a des conséquences désastreuses sur l’environnement, et pourtant, son impact est encore largement sous-estimé. La course au rendement a poussé les producteurs à produire toujours plus et plus efficacement. Mais l’écologie, dans tout ça ? Le constat est lourd. L’utilisation de pesticides épandu sur les cultures pour éliminer tous les indésirables (mauvaises herbes, champignons, insectes) est extrêmement néfaste pour la biodiversité et la qualité des sols. Toutes les études montrent que les pesticides sont responsables de la chute brutale des populations d’insectes et d’abeilles ces 30 dernières années. La situation est si dramatique qu’à terme, ces dernières seraient menacées d’extinction. Pourtant, leur rôle de polinisateur dans l’écosystème est essentiel. Les pesticides appauvrissent aussi largement les sols en les rendant parfois toxiques et en contaminant les cultures proches. L’utilisation d’engrais chimiques pour améliorer la productivité des cultures participe également à l’appauvrissement des sols. Ceux-ci perdent à terme leur capacité d’absorption et les eaux de pluie, au lieu de s’infiltrer dans le sol et d’enrichir les nappes phréatiques, ont tendance à davantage ruisseler, ce qui favorise les inondations. Ces 15 dernières années, on constate une très forte augmentation des épisodes d’inondation, beaucoup plus violents et beaucoup plus fréquents qu’avant. L’agriculture intensive est également responsable d’émission élevée de nitrates et de phosphates, qui contribuent eux aussi à l’appauvrissement des sols.

L’agriculture intensive : et si ce modèle d’agriculture ne correspondait plus aux enjeux de demain ?

L’industrie pétrolière : les plus grands pollueurs

Les impacts de l’industrie pétrolière sur l’environnement sont nombreux et contribuent grandement au phénomène de réchauffement climatique, provoqué par les émissions de CO2 dans l’atmosphère. L’extraction de pétrole rejette des produits toxiques qui contribuent à la pollution des sols. La pollution de l’air, elle aussi, est bien réelle : l’exploitation pétrolière libère des matériaux toxiques dans l’air, sans compter l’utilisation du pétrole au quotidien qui libère d’énormes quantité de CO2. On estime que la pollution atmosphérique est responsable de la mort de plus de 3 millions de personnes dans le monde. Enfin, les phénomènes de marée noire, heureusement peu fréquents, sont toutefois des désastres écologiques. Les écosystèmes et la biodiversité des régions impactées souffrent des effets de marée noires pendant des années, et menace un grand nombre d’espèces.

Comment limiter l’impact écologique d’une entreprise ?

Nous avons donc bien noirci le tableau, et à ce stade de la lecture, vous devez certainement culpabiliser, voire même ressentir une grosse baisse de moral tout en vous disant « il n’y a donc aucun espoir ». Ce n’est absolument pas le but ! Vous n’avez pas à culpabiliser : toute activité humaine a un impact sur l’environnement, c’est inévitable. L’idée n’est pas de faire culpabiliser qui que ce soit, mais de dresser un tableau réaliste, et d’apporter des solutions concrètes aux enjeux majeurs de demain. Les futures générations nous jugeront sur nos actions d’aujourd’hui ! Alors, quelles solutions concrètes les entreprises peuvent adopter pour limiter leur impact écologique ? Dressons ici une liste non exhaustive et théorique des solutions qui peuvent être apportées et appliquées aux entreprises et par les entreprises.

Privilégier des matières premières et matériaux naturels

La première chose à faire pour une entreprise et de privilégier l’utilisation de matériaux d’origine naturelle. En limitant le processus de transformation d’un produit, on diminue mathématiquement l’émission de gaz à effet de serre qui lui est associé puisque le produit a subi un panel minime de modifications de son extraction à son arrivée dans votre entreprise. Privilégiez des circuits courts et fournissez-vous si possible auprès de collaborateurs locaux pour permettre un acheminement le plus rapide possible.

Vous pouvez également vous tourner vers l’utilisation de matériaux recyclés, quelle que soit votre industrie. Ceux-ci ne sont pas écologiques de part leur nature mais vous réduisez considérablement l’empreinte carbone de votre entreprise en puisant dans de la ressource déjà extraite plutôt qu’en en cherchant de nouvelles. Quelles options s’offrent à vous en fonction de votre secteur d’activité ? Il serait bon de vous renseigner.

L’exemple de l’agriculture bio

L’agriculture biologique est un très bon exemple. En limitant l’utilisation de pesticides et en privilégiant des engrais naturels, l’agriculture bio se veut à la fois respectueuse de l’environnement et des hommes. Mais les bonnes pratiques liées à une agriculture BIO ne se limitent pas à ça. La bonne utilisation de la biodiversité attenante permet généralement aux sols cultivés de disposer d’une meilleure perméabilité. L’eau s’infiltre naturellement, il n’est donc plus nécessaire d’en consommer plus que nécessaire, par exemple. Si on souhaite résumer, opter pour une agriculture biologique est une excellente façon de démarrer si vous souhaitez faire un geste pour l’environnement. Pourquoi ne pas vous approvisionner désormais chez un producteur BIO ?

Soulignons que ce schéma ne s’applique pas seulement à l’agriculture : un constructeur de maison peut, par exemple, privilégier des matériaux de construction et d’isolation d’origine naturelle, comme le bois ou le chanvre. Ce faisant, il permet à sa construction d’être à la fois performante et saine, respectueuse de l’environnement attenant.

Réduire la consommation de ressources

Rappelez-vous cet adage : le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas ! En limitant la consommation de ressources, à la fois d’eau, d’énergie et de matières premières, une entreprise peut diminuer significativement son empreinte carbone. Comment concrètement réussir ce pari ? plusieurs solutions existent :

  • Pour diminuer votre consommation d’eau, pourquoi ne pas installer des urinoirs secs, sans eau ni produits chimiques ? A clé, des milliers de litres d’eau économisés par an !
  • Pour réduire vos déchets, bannissez de vos locaux les gobelets en plastique, pailles et autres accessoires dont on peut largement se passer ! Chaque année, ce n’est pas moins de 5 milliards de gobelets en plastiques qui sont jetés en France. Ce geste simple à mettre en place a pourtant des conséquences directes sur notre environnement !
  • Pour diminuer votre consommation d’énergie, de nombreuses solutions existent. Vous pouvez par exemple installer des capteurs de mouvement qui allumeront la lumière seulement si une personne rentre dans une pièce : pas besoin d’éclairer inutilement une pièce en permanence. Également, vous pouvez opter pour des sèche-mains moins énergivores. Enfin, faites isoler vos locaux pour éviter les déperditions de chaleur. Été comme hiver, la température sera plus agréable à l’intérieur, et vous consommerez beaucoup moins d’énergie avec de belles économies à la clé ! Pour réduire l’empreinte carbone d’un bâtiment, les entreprises peuvent aller beaucoup plu loin et envisager une rénovation globale de leurs locaux pour gagner en efficience énergétique.
  • Adoptez le tri sélectif dans votre entreprise, avec des poubelles pour les déchets, les cartons/plastiques, et les verres. Il en va d’ailleurs de votre responsabilité en tant qu’individu.
  • Diminuez les prospectus inutiles, dites stop à la publicité abusive, et limitez vos impressions de papier tant que ce n’est pas absolument nécessaire. Vous pouvez également entreprendre le même tri dans vos emails. Saviez-vous que ceux-ci consomment également de l’énergie et continuent d’en nécessiter tant que ceux-ci sont stockés dans votre boîte de réception ? Il peut être utile de faire un tri dans vos spams, de vous désabonner de certaines listes de diffusion inutiles et de sensibiliser vos collaborateurs en ce sens.

Remplacer les équipements et les infrastructures énergivores

Avec les progrès technologiques, de nouveaux équipements permettent de consommer bien moins d’énergie, et d’éviter le gaspillage. Pourquoi ne pas remplacer les équipements vieillissants de votre entreprise par des équipements plus performants qui amélioreront votre productivité et le confort de travail de vos employés, tout en consommant sensiblement moins d’énergie ? Pensez par exemple à de nouveaux systèmes de chauffage ou de climatisation, des ampoules LED qui consomment bien moins que des ampoules classiques, etc. Il va de soi que vous ne pourrez pas remplacer l’ensemble de votre patrimoine mobilier d’une traite. Commencez par vous fixer de petits objectifs en fonction du budget alloué par l’entreprise.

En outre, des équipements de plus en plus performants et innovants voient le jour. Leur faible consommation en énergie les rend particulièrement écologiques. Citons par exemple les pompes à chaleur, les plinthes chauffantes ou les climatisations réversibles, tout à fait envisageables dans un milieu professionnel.

Cultiver une culture d’entreprise « green »

La dernière solution que nous vous proposons est probablement l’une des plus simples et des moins onéreuses à mettre en place. Pourquoi ne pas simplement sensibiliser vos collaborateurs sur les questions écologiques, en adoptant une culture d’entreprise verte ? Beaucoup adoptent déjà des gestes quotidiens responsables chez eux, mais le font-ils en entreprise ? Sensibiliser les employés sur des gestes écologiques simples du quotidien est déjà très positif. Voici quelques exemples simples à mettre en place et non contraignants pour les collaborateurs : – Utiliser le lave-vaisselle plutôt que de faire leur vaisselle à la main et attendre que celui-ci soit rempli avant lancement, sur un mode « eco », – Éteindre la lumière et les équipements à chaque fois qu’ils quittent une pièce, – Éteindre leurs ordinateurs à chaque fois qu’ils quittent le bureau, – Modifier la manutention des machines pour éviter le gaspillage des matières premières, – Etc. Les idées ne manquent pas. Et tous ces petits gestes cumulés contribuent à être beaucoup plus éco-responsables ! Vous pouvez également aller plus loin en organisant (pourquoi pas), des séminaires ou des activités sur le thème de la nature. Une activité en extérieur autour de valeurs communes est souvent bien plus fédératrice qu’un restaurant ou encore une activité sportive en groupe. Donnez-y du sens !

Adoptons la green attitude en entreprise !

Planter des arbres et compenser ses émissions

Une autre façon de lutter contre le réchauffement climatique et de « compenser », c’est-à-dire de mener des actions parallèles qui compensent littéralement le bilan carbone négatif d’un individu ou d’une entreprise. C’est un peu le principe du « pollueur-payeur ». Planter des arbres est par exemple une excellente façon de compenser les émissions de CO2, un arbre étant un véritable puis de carbone qui absorbe de grandes quantités de CO2 dans sa vie. Il est aussi possible pour une entreprise de financer des programmes de reforestation dans le monde, de dépollution d’un site, ou en améliorant l’isolation thermique de ses locaux. Pour compenser son impact carbone, notons qu’il est important de commencer par connaître cet impact. Combien consommez-vous à titre personnel et à travers l’activité de votre entreprise ? Des calculateurs en ligne peuvent vous aiguiller à ce sujet, comme sur le site Goodplanet.org, par exemple. Pour compenser au mieux votre empreinte carbone, pensez également à vous fixer des objectifs de compensation en conséquence. Cela vous aidera sans aucun doute à garder le cap mais également à motiver vos troupes en ce sens.

Que faut-il retenir ?

Tout le monde est concerné par les questions écologiques. Le réchauffement climatique est réel et les entreprises, comme n’importe quel acteur, ont leur part de responsabilité. Une entreprise par définition, en créant de la richesse, va avoir un impact sur son environnement. Certaines entreprises sont plus pollueuses que d’autres, la pollution qu’elles génèrent dépendant principalement de leur secteur d’activité. Toutefois, nous l’avons vu, des solutions existent pour diminuer l’empreinte carbone des entreprises. Certaines entreprises sont de véritables modèles de « green attitude » et ces initiatives tendent à se développer. Et ces solutions ne sont pas forcément les plus coûteuses ! Alors pourquoi ne pas vous aussi, vous y mettre ?